Lully, de Versailles aux Champs
Si Lully acquit la gloire à la cour versaillaise, c’est bien avenue Montaigne qu’il connut une renaissance flamboyante. Avec Haendel, il est sans conteste le musicien baroque à qui plusieurs générations de musiciens et chanteurs porta une attention toute particulière depuis 30 ans dans le temple philharmonique rêvé par Gabriel Astruc.
Bien sûr, il y eu la découverte d’Atys, ouvrage monté par le duo William Christie – Jean-Marie Villégié en 1987 à l’Opéra-Comique et qui reste une date fondatrice dans l’histoire du renouveau de la musique ancienne à Paris (le spectacle fut repris en 2011). Toute une jeune génération allait ainsi s’ouvrir à un répertoire plus que méconnu dont Howard Crook, Guillemette Laurens, Jean-Paul Fouchécourt, Gilles Ragon… et la toute jeune Véronique Gens. Mais il faut aussi se souvenir que quatre ans plus tôt, dès 1983, Philippe Herreweghe faisait déjà entendre Armide aux Champs avec Rachel Yakar dans le rôle-titre. A sa nomination à la direction du Théâtre, Alain Durel, qui avait été fortement marqué par les représentations d’Atys trois ans plus tôt, décide de monter un cycle dédié à Lully. La fête débute avec Alceste confiée à Jean-Claude Malgoire et Jean-Louis Martinoty. On y retrouve notamment Howard Crook, Gilles Ragon et … Véronique Gens.
La saison suivante, place à Armide par Philippe Herreweghe et le duo Patrice Caurier-Moshe Leiser. Là encore, les mêmes interprètes entourent la toute jeune Sylvie Brunet dans le rôle-titre. Troisième et dernier ouvrage du cycle, Roland, cette fois-ci sous la jeune baguette de René Jacobs, dans une mise en scène de Gilbert Deflo avec José van Dam dans le rôle-titre, pas toujours à son aise dans un répertoire qu’il explore pour la première fois. Mais Véronique Gens, de nouveau, est sur scène. Enfin, Emmanuelle Haïm s’empare de Thésée avec Paul Agnew et Anne-Sophie von Otter et qui voit le retour de Jean-Louis Martinoty dans ce répertoire.
On retrouve Véronique Gens dès 2005 cette fois-ci dans le rôle-titre d’Alceste lors du Jubilé Jean-Claude Malgoire, auprès de qui elle a tant appris. Olivier Py ne s’y trompera pas quelques saisons plus tard quand il montera à son tour l’œuvre au Palais Garnier et où il fera tout naturellement appel à elle pour le rôle-titre. En 2006, elle est en récital avec Christophe Rousset avec qui elle débute là un long compagnonnage à la scène comme au disque.
Le Théâtre des Frères Perret verra une nouvelle Armide en 2008 en la personne de Stéphanie d’Oustrac auprès du Renaud de Paul Agnew sous la baguette de William Christie et la complicité scénique de Robert Carsen.
Dix ans plus tard, Hervé Niquet rejoint le club des lullystes convaincus et offre Persée avec Mathias Vidal dans le rôle éponyme puis Armide, cette fois-ci en version de concert, mais où l’on retrouve avec bonheur Véronique Gens. Christophe Rousset ayant entamé un cycle discographique consacré à Lully présente à son tour Isis en 2019 et Thésée quatre ans plus tard avec Mathias Vidal.
Ce printemps 2023 voit de nouveau Lully triompher avenue Montaigne où vont se succéder les versions de concert d’Alceste et d'Atys, les deux piliers du renouveau lullien à Paris avec notamment Véronique Gens. Est-il encore besoin de louer ses talents ? Une articulation au sommet et l’expressivité des mots, une voix capable de passer de la plus intense douceur à la fureur la plus flamboyante, Véronique Gens est une tragédienne née qui irradie dans chacun de ses rôles depuis plus de trois décennies.
Alceste - 1er février 2024
Stéphane Fuget | direction
Les Epopées
Atys - 26 mars 2024
Alexis Kossenko | direction 19h30
Les Ambassadeurs~La Grande Ecurie