Centenaire des Ballets suédois
La brève existence de la compagnie des Ballets Suédois entre 1920 et 1924 est l’une des plus passionnantes aventures artistiques parisiennes de cette période que l’on allait sous peu baptiser « années folles ».
Un choc artistique
Le temps de quatre saisons et de vingt-quatre ballets, tous créés sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées, cette compagnie, fondée par Rolf de Maré et dirigée par le danseur et chorégraphe Jean Borlin, allait créer un véritable électrochoc artistique dans le Paris de l’après-guerre. Grand amateur d’art et issu d’une noble et riche famille suédoise, Rolf de Maré n’est pas sans rappeler l’illustre figure de son aîné, le russe Serge Diaghilev. Et Jean Borlin celles de Nijinsky et Massine, dont le fondateur des Ballets Russes fut le pygmalion. Ce n’est pas non plus une simple coïncidence si la compagnie suédoise trouva sa maison et sa scène au Théâtre des Champs-Elysées, cette même scène qui avait tant marqué les esprits en 1913 lors de la création du Sacre du printemps, pièce musicale et chorégraphique la plus emblématique et la plus moderne du répertoire des Ballets Russes.
Un véritable brassage culturel
Ce qui caractérise l’esprit des Ballets suédois allait être encore plus poussé dans la recherche de modernité et surtout dans l’interaction de tous les arts au service du spectacle vivant. Elle regroupa toute une génération désireuse de rendre à la scène toute sa vitalité. Qu’on en juge : les musiciens Honegger, Milhaud, Auris, Satie, Poulenc, Cole Porter… les peintres Picabia, Fernand Léger, Chirico, Foujita… et les écrivains et poètes tels que Paul Claudel, Pirandello, Blaises Cendrars, Cocteau… seront associés tour à tour ou ensemble au répertoire de la compagnie. Il s’agit tout simplement de la réunion de quelques-unes des personnalités artistiques les plus créatives de l’époque. Les Ballets Suédois réussirent ainsi à réaliser un véritable brassage culturel qui donna à l’éphémère compagnie une énergie et une modernité créatrices comme nulle autre. Parfois incomprise du public, la hardiesse et la créativité de ses ballets marquèrent une véritable étape dans l’histoire chorégraphique, au même titre que les Ballets Russes avaient pu le faire avant-guerre. Cette osmose entre musique, danse, littérature et arts plastiques fut, entre 1920 et 1924, un nouveau Printemps pour l’art de la scène et trouva une fois encore son écrin idéal au Théâtre des Champs-Elysées.