Wiener Philharmoniker

En trente ans de résidence parisienne avenue Montaigne, les Wiener Philharmoniker ont peu joué le répertoire russe. Seiji Ozawa, Valery Gergiev, Mariss Jansons s’étaient notamment aventurés dans Stravinsky, Tchaïkovski et Moussorgski mais jamais dans Chostakovitch. Saluons donc le programme de l’italien Daniele Gatti, qui se propose de nous faire découvrir la vision des viennois dans ce répertoire. Si la symphonie n° 5 reste la plus jouée de son corpus (Chostakovitch a composé 15 symphonies), la n° 10 reste une page à part car elle s’inscrit peut-être plus profondément encore que les autres numéros dans l’Histoire. C’est une pièce composée en pleine guerre froide, période où Chostakovitch connaît une certaine forme de disgrâce et nombre de critiques, notamment à la suite de son opéra Lady Macbeth de Mzensk. Nombreux sont ceux qui ont analysé cette période si particulière dans la vie du musicien puisque l’année 1953 correspond à la mort de Staline et que bon nombre ont vu et entendu dans cet opus 10 la traduction musicale des années de terreur stalinienne. Car en effet, un sentiment oppressant baigne l’ensemble de l’œuvre et les tensions musicales y sont présentes tout du long. Cette page emblématique est en ce sens un défi pour un chef d’orchestre qui doit faire montre d’une maîtrise totale du rythme face à cet océan de complexité de la structure. Mais quelle œuvre ! L'orchestre est poussé au maximum de ses dynamiques et le chef ne doit cesser de solliciter un orchestre qui devient progressivement d'une rugosité incroyable, à l'image des timbales et des cuivres, sans oublier l'engagement des vents et des cordes qui n’ont pas vraiment de moments de répit. Bref on l’a compris, le niveau des musiciens viennois devrait être au rendez-vous de cette page à l’exigence folle.

Production Théâtre des Champs-Elysées 
Rolex, partenaire exclusif de l’Orchestre Philharmonique de Vienne