Un dimanche avec… Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak
Réunis à la scène comme à la vie, Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak produisent des étincelles qu’ils chantent… ou qu’ils parlent ! En attendant leurs récitals respectifs (6 février 2020 pour lui, 19 mai 2020 pour elle), une rencontre autour de leurs souvenirs et inspirations du dimanche.
Dimanche avec… Alagna Kurzak v1 from Théâtre des Champs-Elysées on Vimeo.
Au saut du lit…
Aleksandra Kurzak : Je me lave les dents!
Roberto Alagna : J’essaye ma voix!
AK : Ah bon, tu fais ça? Le dimanche? C’est vrai, il chante tout le temps.
RA : C’est le baromètre de mon humeur. Si la voix sonne bien, je suis de bonne humeur toute la journée, sinon, je suis quand même de bonne humeur, mais plus sombre !
Un rituel du dimanche ?
RA : J’aime bien quand les enfants viennent dans le lit avec nous, on prend un plateau, et on déjeune tous au lit, c’est mon plus grand plaisir. C’est très rare, et d’avoir les enfants avec nous en train de chahuter, de s’embrasser – j’adore.
AK : J’ai l’impression que nous ne vivons pas dans la même maison ! Peut-être parce que c’est moi qui prépare le déjeuner ! Lui, il fait le rituel, et moi le déjeuner !
RA : Non, je vais vous dire son rituel : la première chose qu’elle fait au saut du lit, c’est qu’elle prend son téléphone, et elle regarde ce qui se passe – avant de dire bonjour !
AK : Je ne dis jamais bonjour le matin parce que je suis toujours de mauvaise humeur – j’adore dormir le matin. Roberto se réveille le sourire aux lèvres… je lui dis « Ne souris pas ! Ne me parle pas ! J’ai besoin de 30 minutes pour moi ! »
Une couleur, une odeur, un son ?
AK : Le parfum, c’est la soupe de poulet que préparait ma grand-mère.
RA : Un son d’enfance – l’accordéon. Il y avait toujours la télévision allumée, et comme ils attendaient la messe du dimanche, il y avait une émission d’accordéon juste avant.
AK : Blanc !
RA : Pourquoi blanc ?
AK : L’église, le petit village chez ma grand-mère…
RA : Et moi, c’est la sauce route tomate que ma grand-mère préparait pour la réunion familiale où l’on mangeait la pasta asciutta !
AK : blanc et rouge, ça fait le drapeau polonais !
Une lecture du dimanche ?
RA : : moi je lis tout le temps
AK : c’était avant, ça, il faut que je précise. Maintenant, c’est « Papa, papa, dessin animé »
RA : c’est vrai – mais quand on aime lire, on trouve toujours un moyen de lire quand même.
AK : c’est plutôt pendant les vacances, c’est notre dimanche pour lire !
RA : en fait, pendant les vacances, on travaille encore plus – par exemple, on a sorti notre disque, les clips ont été faits pendant les vacances, j’ai fait un dictionnaire intime pendant les vacances… Cette année, on a eu de la chance, on est allé en Sicile, dans le sud de la France…
Le jogging: est-ce un sport ou un vêtement ?
AK : C’est la souffrance !
RA : Ni l’un ni l’autre. J’aime bien le sport, mais en smoking.
La musique du dimanche ?
RA : pendant longtemps, ça a été une émission de radio qu’on écoutait en famille, « Top ou encore ». Il y avait des titres de musique différents, et les gens appelaient pour dire si l’on continuait ou si l’on stoppait.
AK : quand j’étais très petite, ça s’appelait « Le matin avec musique classique », et souvent c’était des concerts symphoniques dirigés par Karajan. Et ma mère racontait que j’avais un an ou un an et demie, et je regardais la télévision la bouche ouverte et m’exclamais. Et ma mère disait à mon père, « je crois que ce sera vraiment une musicienne »
RA : non, je crois que c’est plutôt le dictateur qui lui plaisait (dans la personne de Karajan, ndlr). Moi, je l’appelle Che Guevara à la maison, c’est le colonel !Il faut que tout file droit, c’est elle qui commande !
AK : C’est vrai. Même Malena dit ça : « Papa, maman est la reine, il faut écouter maman »
La cuisine du dimanche ?<
AK : : C’est moi !
RA : Avant c’était moi, mais depuis que j’ai su qu’elle cuisinait mieux que moi, c’est elle !
AK : : on aime beaucoup le canard farci aux pommes, la spécialité polonaise de raviolis aux pommes de terre
RA : moi aussi je fais des canards, mais sur scène !
(les deux éclatent de rire)
Le blues du dimanche soir ?
RA : Ça, c’était quand on était étudiant, mais maintenant, pour nous, tous les jours se ressemblent en réalité, on travaille aussi le dimanche. Les semaines se passent, et souvent on ne se rend pas compte de quel jour on est, ni même parfois de l’année !
S’il n’y a pas de dimanche, que préférez-vous, une journée de répétition ou de spectacle ?
AK : Spectacle !
RA : Ah, j’aime bien les répétitions. Je suis toujours meilleur en répétition qu’en spectacle.
AK : C’est vrai que Roberto est peut-être le seul artiste que je connaisse qui chante à toutes les répétitions à voix pleine.
RA : Et le jour du spectacle, je préserve ma voix et j’évite de parler. La voix est un instrument fragile…
AK : Et moi, j’ai toujours vu ma mère (également chanteuse lyrique, ndlr) à la maison, faire le ménage, préparer à manger, et le soir, elle chantait à l’opéra. C’était ça pour moi, être chanteuse.
RA : C’est différent les ténors, c’est plus dur !
Un dimanche de rêve ?
RA : Celui que je vous ai décrit au tout début – un plateau de repas, et au lit ! C’est le meilleur restaurant, la plus belle distraction…
AK : : Peut-être l’inverse, que moi je sois au lit, et toi tu prépares le repas !
RA : Quel jour sommes-nous ? Lundi ? Dimanche, c’est moi qui fais tout, tu restes au lit !
(cet article a été publié pour la première fois le 31 octobre 2018)