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Le portrait de Baptiste Charroing

Il y a quelques jours, Eric Lombard, Président du Conseil d’Administration du Théâtre des Champs-Elysées, a annoncé la nomination de Baptiste Charroing, actuel Directeur de production et de diffusion, à la direction générale au terme du mandat de Michel Franck le 31 août 2025. Le Président a affirmé que le projet de Baptiste Charroing « se place à la fois dans la continuité des saison précédentes mais aussi dans une volonté de faire du Théâtre un lieu de vie attractif conciliant exigence artistique et partage. »

En attendant sa prise de fonction, le futur Directeur général se présente aujourd’hui à vous en tant que Directeur de Production et vous dévoile son projet pour le Théâtre des Champs-Elysées…

Quel est votre fonction actuelle au sein du Théâtre ? 

Je suis actuellement Directeur de Production et de Diffusion.

Depuis combien de temps travaillez-vous au Théâtre des Champs-Elysées ?

Je travaille au Théâtre des Champs-Elysées depuis septembre 2020 et suis arrivé en pleine crise sanitaire. J’entame aujourd’hui ma troisième saison.

En trois lignes, de quoi est chargé le service de production et diffusion ?

Le service de production a pour objectif de mettre en œuvre la programmation de la direction en l’occurrence celle de Michel Franck. C’est-à-dire budgétiser, planifier, distribuer les rôles, contractualiser et organiser bien sûr.

Pour réaliser un projet, nous partons toujours des contraintes du Théâtre. Il y a certains titres d’opéra que nous ne pouvons de toute façon pas faire ici, pour des raisons d’adéquation budgétaire ou technique.

Avec qui travaillez-vous au quotidien ?

Je travaille principalement avec le directeur général Michel Franck et avec l’équipe de production qui s’organise en deux pôles. Deux personnes sont chargées exclusivement des opéras scéniques et deux autres des concerts et de l’opéra participatif. 

Ce qui vous plaît le plus dans votre métier ? 

Ce que j’aime particulièrement c’est la trajectoire globale d’un projet. Depuis sa conception jusqu’à sa concrétisation, je dirais même que le moment le plus fort pour moi reste les applaudissements à la fin d’une « première ». A ce moment précis, je ressens toujours beaucoup d’émotion en repensant à cette longue période de gestation. Notre métier nécessite d’imaginer un projet trois voire quatre ans à l’avance…

Un projet réalisé qui vous a particulièrement marqué ?

J’ai eu la chance de participer à la fondation d’un projet fou entièrement soutenu par une Mécène passionnée et engagée : Le Palazzetto Bru Zane – Centre de Musique Romantique Française à Venise. Accompagner la vision de Nicole Bru et contribuer à son succès fut marquant et très enthousiasmant pour moi.

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?

Certainement d’avoir produit, avec le Palazzetto Bru Zane, La Vie parisienne de Christian Lacroix, jouée notamment au TCE en décembre dernier. C’était certes un projet musicologique et artistique original mais il a également touché un public large. Nous avons réussi à réunir deux mondes. 50% du public était des habitués du TCE, 50% n’était jamais venu au Théâtre avant ce jour, une vraie réussite !

Votre plus belle rencontre artistique ? 

Je suis au service des artistes depuis plus de 20 ans, c’est donc très difficile pour moi de n’en citer qu’une mais pour me prêter à l’exercice je dirais Olivier Py et Pierre-André Weitz qui sont indissociables l’un de l’autre. Les rencontrer et travailler avec eux m’a beaucoup enrichi tant sur le plan professionnel que personnel.

L’œuvre qui vous rend le plus heureux ? 

L’œuvre qui me rend le plus heureux et me ramène dans mon enfance est L’Enfant et les sortilèges de Maurice Ravel. Une œuvre merveilleuse que j’ai jouée adolescent, je la connais encore absolument par cœur.

Jouez-vous d’un instrument ?

Je suis altiste de formation, j’ai fait toutes mes classes jusqu’à mon prix au Conservatoire de Paris (CRR). C’est d’ailleurs à cette période que j’ai réalisé sans amertume que j’avais plus de talents pour la production. A 18 ans, je montais déjà un orchestre et un festival avec des amis comme notamment Bertrand Chamayou ou Gautier Capuçon. Aujourd’hui je n’ai plus tant d’occasions de jouer à part avec ma fille ainée très investie dans l’étude du violon.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de prendre la direction de ce Théâtre ?

Beaucoup de raisons ! C’est d’abord ce Théâtre qui m’en a donné l’envie, l’envie de le servir. Cette maison a un Adn profond : L’excellence musicale sous toutes ses formes (opéra, danse, concerts…). Cela correspond exactement à la passion que j’éprouve pour l’ensemble du spectre de la musique classique. Cette institution bénéficie par ailleurs d’un actionnaire et de mécènes fidèles et engagés, ainsi que d’une gouvernance, animée par son président Eric Lombard, dont la stabilité et la vision sont plus qu’encourageantes.

C’est ensuite pour cette équipe formidable, que j’ai pu découvrir comme partenaire puis comme collègue. Il y a ici plus qu’ailleurs une combinaison de compétences, d’investissement et de solidarité.

Et pour conclure, de succéder à Michel Franck avec lequel je collabore avec bonheur depuis deux ans. Je sais que je pourrai compter sur son soutien pendant ces presque trois années de préfiguration. 

Vos rêves et vos projets pour l’avenir du Théâtre des Champs-Elysées ?

Je n’ai pas à proprement parler de « rêves » mais une vision et beaucoup de projets que nous réaliserons collectivement.

Mon projet se résume en 2 axes majeurs :

  1. Maintenir coûte que coûte l’identité de cette maison, à savoir l’excellence musicale sous toutes ses formes, tout en l’ouvrant au plus grand nombre.
  2. Accomplir ce Théâtre comme un lieu de vie et d’envie qui renouvelle l’expérience de ces spectateurs.

Je suis convaincu que si nous mettons au même niveau d’exigence et d’excellence une offre artistique singulière, prestigieuse, ouverte, renouvelée et innovante avec une offre d’accueil et de convivialité digne des attentes du public, nous résoudrons l’équation de la fréquentation et du rayonnement. Vu la grave crise que nous vivons actuellement c’est le moment d’innover et d’agir. D’être précurseur comme l’était Gabriel Astruc.

Qu’est-ce que le Cercle des Mécènes représente pour vous ?

Le Cercle des Mécènes représente pour moi un cercle familial, une communauté de passionnés dont je souhaite avant tout maintenir son esprit singulier, en parfaite adéquation avec cette salle prestigieuse et chaleureuse à la fois.