Le portrait d'Alice Joly
Quel est votre fonction actuelle au sein du Théâtre ?
Il y a maintenant plusieurs années que je suis responsable des ressources humaines au Théâtre des Champs-Elysées. C’est une mission dont je ne mesurais pas l’ampleur et la richesse à mon arrivée, alors que le poste venait d’être créé. Jamais d’ailleurs je n’aurais imaginé que je resterais 9 ans dans la même entreprise, étant d’une génération où il faut être « aventurier », où l’on se lasse rapidement, et pour laquelle il est d’usage de changer d’entreprise tous les 3 ou 4 ans. Il faut croire que l’aventure est bien là au théâtre, puisqu’après 9 ans aux RH je ne suis toujours pas lassée !
Mon profil, plutôt traditionnel, étant épouse et mère de trois petits garçons, ne me prédestinait pas à participer à un milieu culturel certes très riche mais qui demande beaucoup de disponibilité. Le rythme est dense, c’est une certitude, mais j’ai pourtant trouvé au Théâtre des Champs-Elysées un juste équilibre dans la conciliation de deux vies, qui ont finalement quelques points communs (!). Le métier de RH, surtout dans une entreprise de notre taille (89 salariés en CDI), est un métier qui nécessite et permet une vraie proximité – ce qui participe, sans nul doute, à ma fidélité !
En quoi les ressources humaines du Théâtre des Champs-Elysées se différencient-elles d’une autre entreprise ?
C’est sans doute l’objet même qui nous réunit : le spectacle vivant. Être ensemble au service du beau, au service de l’art, au service du rêve, créé nécessairement un lien particulier à l’autre, mais aussi à son propre travail. On s’y donne autrement que dans une entreprise lambda, et on en attend, en retour, beaucoup. C’est là que les ressources humaines doivent se différencier : le turn-over étant faible et les équipes peu nombreuses, les possibilités d’évolution au sein du théâtre sont réduites pour les salariés. Et, bien que la passion commune pour l’objet de notre travail demeure à travers les années, il faut trouver des moyens de se ré-inventer individuellement et collectivement, pour qu’entreprise et salariés y trouvent respectivement leur compte.
Ce renouvellement passe par le biais de la formation professionnelle, par la restructuration de certains services, par la création de nouveaux métiers, par de grands projets transverses et bien sûr par un dialogue social continu avec nos élus, précieuses sentinelles des équilibres du théâtre. C’est donc dans l’accompagnement du changement que se niche la complexité du travail RH dans un tel lieu !
Ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Ce qui me plaît le plus, c’est d’être à la croisée d’enjeux à la fois humains et organisationnels.
De tenter, à mon échelle, de faire adhérer l’humain à la stratégie, mais aussi de mettre l’humain au cœur de cette stratégie.
Pourquoi avoir choisi de travailler au Théâtre des Champs-Elysées ?
Je suis arrivée au théâtre, pour des raisons de fond d’abord. Mes deux années de classes littéraires préparatoires (hypokhâgne et khâgne) m’ont ouverte à ce milieu de la culture, à l’intérêt pour la littérature, le théâtre, la philosophie, etc. Ma licence d’Histoire à la Sorbonne m’a permis ensuite de renforcer cet attrait. Et c’est en master ressources humaines & communication, au Celsa, que j’ai pu apprendre toute la richesse du métier et y adhérer pleinement. C’est par hasard ensuite, juste à la fin de mon master du Celsa, que je suis tombée sur cette annonce correspondant bien à mon profil. Je me suis présentée, et cela a fonctionné. Je m’en étonne et m’en réjouis encore aujourd’hui… Mais ma longévité dans la maison semble la preuve que le choix était bon !
Quel est votre lien avec la musique et l’opéra ?
Avant de découvrir le Théâtre des Champs-Elysées, ma connaissance de la musique consistait en une dizaine d’années en conservatoire, l’apprentissage de la guitare classique, et des heures à lire au coin du feu en écoutant de la musique sacrée – que mon père faisait passer en boucle. Je suis donc arrivée en néophyte au théâtre, et suis allée de découverte en découverte. Ma plus belle expérience fut d’abord de lire Le Dialogue des carmélites ! Œuvre littéraire de Bernanos qui a bouleversé mon adolescence dans une quête spirituelle qui me tenaillait. Puis cette œuvre est passée au théâtre avec une adaptation de Francis Poulenc. J’ai été profondément bouleversée par la figure de Blanche de la Force et la mise en scène d’Olivier Py. J’ai assisté à l’opéra par trois fois, à trois endroits différents de la salle. C’est là que j’ai pris conscience à quel point j’étais vraiment « chez moi », au travail et au service du Théâtre des Champs-Elysées. J’ai vraiment touché à la richesse du « spectacle vivant », avec l’honneur qui m’est fait d’y participer un tant soit peu, à l’arrière de la scène.
Pour vous, le Cercle des Mécènes c’est…
Une petite famille, devenue si grande aujourd’hui… portée par une équipe aussi passionnée que bienveillante que sont « les dames du mécénat ».
A l’image de nos équipes du théâtre !