Directeur du Metropolitan Opera à New York depuis 2006, Peter Gelb entretient des liens étroits avec le Théâtre des Champs-Elysées avec qui il coproduira bientôt “Roberto Devereux” de Donizetti. En attendant, il livre quelques souvenirs qui le lient au Théâtre, dont une tournée de Vladimir Horowitz sous haute tension.

Le Théâtre des Champs-Elysées figure depuis longtemps parmi mes théâtres préférés dans le monde. Sous l’impulsion de Michel Franck, son directeur général, il perpétue aujourd’hui encore sa tradition de présenter les plus grands musiciens et chanteurs, comme le prouvent la saison prochaine les venues notamment de Cecilia Bartoli et Christian Thielemann, deux artistes depuis trop longtemps absents de la scène du Metropolitan Opera et dont j’espère un retour prochain.

Vladimir Horowitz au Théâtre des Champs-Elysées

Une tournée sous haute tension

Au début des années 80, j’étais alors le jeune agent de Vladimir Horowitz, sans doute le plus grand pianiste du XXe siècle mais également une personnalité notoirement connue pour être particulièrement anxieuse. J’organisais alors son retour en France après une absence de trente-quatre ans sous la forme de deux récitals « événement » au Théâtre des Champs-Elysées. Tout Paris était en effervescence à l’annonce de ce retour.

Les prix des billets avaient été fixés par Wanda Horowitz, épouse du pianiste et par ailleurs fille d’Arturo Toscanini. Les tarifs étaient si élevés que l’une des deux soirées n’était pas complétement vendue. Afin d’éviter toutes fureurs égotiques du Maestro à la découverte de ces places qui n’auraient pas trouvé preneur, j’ai discrètement acheté les quelques dizaines de places encore en vente. L’honneur fut sauf et Horowitz, fort de ce triomphe parisien, partit à la reconquête de sa terre natale marquée par son retour historique à Moscou en cette même année 1985, événement alors retransmis dans le monde entier. C’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles je me sens très attaché au Théâtre des Champs-Elysées…

L’affiche du concert de Vladimir Horowitz le 2 juin 1933 au Théâtre des Champs-Elysées

Peter Gelb est le directeur général du Metropolitan Opera de New York.
23/06/2016

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