

Rubinstein est déjà au sommet de sa gloire lorsqu’il fait ses débuts au Théâtre qui, depuis l’accession de Walther Straram à la direction du théâtre en janier 1922, voit sur sa scène se succéder Paderewski, Prokofiev, Rachmaninov, Lotte Lehmann, Wanda Landowska, Ricardo Vines, Vladimir Horowitz, Alfred Cortot…
Pour en revenir à Rubinstein, à partir de 1923, et hormis une interruption entre 1932 et 1947, période à la fois de remise en question personnelle et surtout d’une carrière quasi exclusivement américaine, celui que beaucoup considèrent comme le plus grand pianiste du XXème siècle joua quasiment chaque saison avenue Montaigne en récital ou concert.
La personnalité d’Arthur Rubinstein a fasciné autant qu’intrigué. Immense interprète de Chopin, il possédait une technique et une résistance hors normes, des mains d’une taille inhabituelle (il pouvait jouer un accord de douzième) et une vitalité littéralement extraordinaire. Il aima les femmes, les cigares et le bon vin, et prit grand soin d’entretenir un humour ravageur. Il commença à enregistrer au temps du 78 tour et ne cessa jamais, gravant au fil des années la quasi-totalité de son vaste répertoire. Daniel Barenboïm résuma l’homme et l’artiste dans la formule « il reste pour moi le symbole de l’interprète moderne ». Ce qui explique sans doute l’immense popularité qu’il connait encore aujourd’hui.
Extrait du programme de salle (récital du 26 avril 1968 au Théâtre des Champs-Elysées)
A 89 ans, le 7 janvier 1976, il donnait pour son dernier concert sur cette scène le 3eme concerto de Beethoven avec l’Orchestre National de France. Cette même année, il mit fin à sa prodigieuse carrière publique lors d’une ultime apparition au Wigmore Hall de Londres et mourut six ans plus tard à Genève.