Georges Prêtre au Théâtre des Champs-Elysées
Musicien français unanimement salué à travers le monde, Georges Prêtre, disparu en ce tout début d’année 2017, presque un an jour pour jour après Pierre Boulez, fut régulièrement présent au Théâtre des Champs-Elysées au cours de sa longue carrière.
Sa première apparition avenue Montaigne remonte au 9 février 1957 à la tête de l’Orchestre de la Société du Conservatoire avec Wilhelm Kempff en soliste. Trois ans plus tard, il revient à l’invitation cette fois-ci de l’Orchestre National de France, inaugurant ainsi pour lui la liste d’une riche série de concerts symphoniques.
Il fut tout au long de son parcours artistique un ardent défenseur et serviteur du répertoire français, des maîtres austro-hongrois (au concert) ou italiens (à l’opéra). Amoureux des voix, il accompagna ici même Victoria de Los Angeles, Elisabeth Schwarzkopf et surtout Maria Callas qui le qualifiait affectueusement de « son chef préféré ». Mais le nom de Georges Prêtre demeure aussi particulièrement attaché à ceux de Francis Poulenc et Hector Berlioz. Ainsi du premier, il donna avenue Montaigne en 1961 la création française de son Gloria puis l’année suivante dirigea le compositeur dans son Concerto pour deux pianos (l’autre soliste était Jacques Février) et du second, il conduisit de mémorables versions de concert de La Damnation de Faust, Roméo et Juliette et surtout du Benvenuto Cellini (avec notamment Barbara Hendricks et Chris Merritt), ce dernier concert célébrant symboliquement en septembre 1987 la réouverture du Théâtre après sa rénovation et son inauguration de 1913 où l’œuvre avait alors été donnée.
Une autre facette de la personnalité curieuse de Georges Prêtre était son goût pour la chanson populaire et la comédie musicale, ce qui l’amena à diriger au Théâtre en octobre 1962 la première des représentations de l’Opéra d’Aran de Gilbert Bécaud, une série qui connut un immense succès tout au long de l’hiver 1962-1963. Après une absence de près de 20 ans, nous l’avions retrouvé régulièrement à partir des années 2000 au pupitre de l’Orchestre National de France avec qui il fêta son 80e anniversaire en 2004, de la Staatskapelle de Dresde et surtout du Philharmonique de Vienne. Georges Prêtre était une forte personnalité au caractère bien trempé, maniant le verbe avec générosité et le geste avec amplitude. Mais son œil et son sourire malicieux laissaient poindre son immense amour de la musique et de ses interprètes, musiciens d’orchestre comme solistes. Les ultimes notes du Boléro de Ravel à la tête des Wiener Philharmoniker le 14 janvier 2013 devaient clore avenue Montaigne le parcours de cet attachant « interprêtre ».