Au-delà du Temps … Henri Dutilleux aurait eu 100 ans aujourd’hui
Le compositeur Henri Dutilleux a très tôt et tout au long de sa vie entretenu des relations régulières avec le Théâtre des Champs-Elysées. Spectateur assidu de nombreux concerts après-guerre, une douzaine de ses œuvres y furent notamment données en création mondiale ou française… Sans oublier la célébration de plusieurs de ses anniversaires (70e, 75e et 90e notamment) lors de concerts avec l’Orchestre National de France, l’une des formations avec qui il a tissé tout au long de sa carrière des liens privilégiées.
Depuis le 9 novembre 1944 où fut créée La Geôle, émouvante mélodie née dans la Résistance et dédiée à son frère Paul jusqu’au 7 mai 2009 qui vit la première mondiale de l’ultime version complète de Le Temps L’horloge portée à l’incandescence par Seiji Ozawa et Renée Fleming, Henri Dutilleux a de nombreuses fois inscrit son nom dans l’histoire de ce Théâtre.
Le 7 juin 1951, l’Orchestre National de la RTF et Roger Désormière donnent la création mondiale de la Première symphonie. Un an jour pour jour, dans le cadre du Festival de l’Œuvre du XXe siècle, Geneviève Joy interprète la version finale de la Sonate pour piano. Stravinsky assista à ce concert, attiré par le programme « moderne » de musique de chambre proposé (Dutilleux, Baraine, Jolivet, Baudrier et Boulez).
Le 31 mai 1965 est donnée la création française de Métaboles par son commanditaire George Szell à la tête de l’Orchestre de Cleveland.
Le 30 novembre 1971, c’est au tour du concerto pour violoncelle Tout un monde lointain de voir le jour servi par l’archet de Rostropovitch et l’Orchestre de Paris. Le même Rostropovitch monte au pupitre de l’Orchestre National de France pour conduire la création française de Timbres, espace, mouvement le 29 décembre 1978. Isaac Stern créera lui le concerto pour violon L’Arbre des songes (ONF – Lorin Maazel) le 25 novembre 1985. Deux mois plus tard, les 70 ans du musicien sont fêtés lors d’un concert avce notamment la création française de For Aldeburgh 85. Autre rendez-vous important le 22 septembre avec la création française de Mystère de l’Instant par le Collegium Vocal de Zurich et sous la direction de son commanditaire, Paul Sacher. Après Cleveland et Szell, ce sera au tour de Boston et Seiji Ozawa d’avoir une relation très proche avec le musicien français qui s’illustrera notamment par la commande de The Shadows of Time dont la première française se déroule le 28 mars 1998. Les trois dernières créations françaises du compositeur au Théâtre (Sur le même accord par Anne-Sophie Mutter en novembre 2003, Correspondances par la soprano Barbara Hannigan en septembre 2004 et enfin Le Temps L’horloge par Renée Fleming) seront toute interprétées par l’Orchestre National de France, les deux premiers sous la direction de Kurt Masur et l’ultime avec Seiji Ozawa, l’ami de longue date.
Un parcours de soixante-cinq ans qui offre l’un des plus beaux panoramas du corpus de cet immense artiste et qui a contribué à écrire quelques-unes des plus belles pages de l’histoire du Théâtre de l’avenue Montaigne.