Incandescente, la musique de Thierry Escaich, qui utilise l’instrumentarium de Poulenc (auquel il a rajouté un clavecin), chérit une exaltation expressionniste, entre lyrisme et sensualité.
La Voix Humaine, Poulenc / Point d’orgue, Escaich
mise en scène d’Olivier Py
L’intention dramaturgique d’Olivier Py
Dans La Voix Humaine, Cocteau pressent « l’hyper-connexion de notre société, et l’addiction qu’elle engendre. Cela fait de son texte une prophétie du changement psycho-pathologique de notre époque, ce qui est d’autant plus vrai en cette période de pandémie. Pour moi, Cocteau se demande comment la technologie change nos rapports
affectifs, jusqu’à la destruction« , explique Olivier Py. Si le téléphone des mises en scène traditionnelles fait place à un ordinateur et une session Zoom, ce n’est point un gadget, mais un reflet fidèle du texte visionnaire de Cocteau : en 1930, il était tout aussi moderne et bouleversant de se faire larguer par téléphone que cela l’est aujourd’hui pour une rupture en Zoom…
De La Voix Humaine à Point d’Orgue
Point d’Orgue, l’opéra de Thierry Escaich sur un livret d’Olivier Py, s’inscrit à la suite de La Voix humaine. On y retrouve les personnages d’Elle et Lui, mais également un nouveau personnage : l’Autre (ténor, chanté lors de la création par Cyrille Dubois). Pour assurer la continuité entre les deux œuvres, Lui et l’Autre figurent déjà, de façon muette, dans la mise en scène de La Voix humaine.
Olivier Py : « J’ai d’abord voulu contrebalancer cette silhouette de femme pathologique et dépendante de son homme dans La Voix humaine, pour la faire triompher. Il y avait ensuite une sorte d’évidence : faire intervenir une autre femme aurait signifié retomber dans le ménage à trois du théâtre bourgeois. » L’Autre n’est pas nécessairement l’amant de Lui, mais son alter ego diabolique, son dealer, son bourreau. Ils entretiennent une relation de sadomasochisme psychologique plus que physique.
Point d’orgue traite aussi de l’artiste et de la création : le personnage de Lui est un compositeur incapable de créer.
Le livret d’Olivier Py est écrit en dodécasyllabe blanc, vers libre de douze syllabes.
La musique de Thierry Escaich
Le compositeur suit le thriller psychologique proposé par Olivier Py et les sautes d’humeur de ses personnages dans la musique et les harmonies. Thierry Escaich reprend l’orchestre de Poulenc (avec l’adjonction d’un clavecin), avec lequel il joue pour traduire le mélange de désespoir, de burlesque et de mysticisme du livret. Il y a ainsi des musiciens hors-scène, ou des superpositions de groupes instrumentaux, pour rendre les plans simultanés de l’action. Les trois personnages sont chacun caractérisés par un style différent : linéaire et large pour Elle, déclamatoire pour Lui, diaboliquement virtuose pour l’Autre.
Interview de Thierry Escaich :
La scénographie
Dans la presse
Le texte de Py est vivant et coloré, la musique d’Escaich d’une énergie rythmique inépuisable, haletante, tout en respectant une prosodie naturelle. Avec son autre double, le décorateur Pierre-André Weitz, Py a une fois de plus conçu un dispositif éloquent, avec cette chambre vue en coupe qui se détache au milieu d’une boîte et se renversera à mesure que l’héroïne perd la raison.
Olivier Py n’a pas hésité à faire tourner autour d’eux la chambre dans laquelle ils se trouvaient. Les murs se sont transformés en toboggans et le plafond en plancher. Ca c’est du théâtre ! Py en est un maître.
Scénographie réussie, interprétation admirable… Cette création mondiale, prolongement de “La Voix humaine”, de Poulenc et Cocteau, aurait dû être un temps fort de la saison lyrique.
Documentation disponible
- Programme de salle : voir le pdf
- Interview vidéo d’Olivier Py
- Vidéos : en coulisses (images du montage)
(c) photos : Vincent Pontet
Images du spectacle
Fiche technique
Le 5 mars 2021 au Théâtre des Champs-Elysées
La Voix humaine (Jean Cocteau, Francis Poulenc © Ed. Ricordi S.A.)
Point d’orgue © 2020 by Gérard Billaudot Éditeur
NOUVELLE PRODUCTION
Point d’Orgue est une commande du Théâtre des Champs-Elysées, de l’Opéra de Dijon, de l’Opéra National de Bordeaux, de l’Opéra de Saint-Etienne et de l’Opéra de Tours
Coproduction Théâtre des Champs-Elysées | Opéra de Dijon | Opéra National de Bordeaux | Opéra de Saint-Etienne | Opéra de Tours
Avec le soutien de la SACD – Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques
Avec le soutien de Covéa Finance
En partenariat avec france.tv
- Olivier Py, mise en scène
- Pierre-André Weitz, décors, costumes
- Bertrand Killy, lumière
Solistes: Voix humaine
Elle, soprano
Lui, baryton
L’Autre, ténor
Figuration
1 figurant homme, 1 chien