Un dimanche avec... Shani Diluka
Artiste sensible et généreuse, toujours en quête de nouvelles aventures artistiques et humaines, Shani Diluka multiplie les projets et les collaborations. Entre deux répétitions, elle prend le temps de nous livrer ses rituels du dimanche entre flâneries, lectures, ciné et... concerts.
Au saut du lit, vous…
Je pense au jour qui se lève, j’écoute le son de l’aube (les martinets en été, le merle au printemps, le son de la pluie à l’automne, le silence de l’hiver...) Je pense aux gens que j’aime et à la vie qui passe à toute allure.
Thé ou café ?
Une grande tasse de café où je peux noyer mes insomnies.
Une chose que vous ne faites jamais le dimanche ?
Le dimanche fait partie de la vie intense d’un musicien. Tout est possible et rien n’est exclu le dimanche.
Un rituel du dimanche ?
Le réveil doux et joyeux d’un petit chien au bas du lit, cuisiner un bon repas après avoir échangé avec les producteurs au marché, et une promenade aux sons des oiseaux et des enfants au parc Montsouris.
Une couleur, une odeur, un son ?
Pour moi un bleu céladon, avec quelques gouttes de pluie, une odeur de mousse et des oiseaux qui surgissent au repos du bruit des hommes.
Une lecture du dimanche ?
La poésie de Paul Eluard ou un roman de Thomas Mann.
Le jogging : sport ou vêtement ?
J’aimerais les deux...
Si dimanche était un tableau ?
Un tableau de Turner The Blue Rigi, Lake of Lucerne, Sunrise, 1842
La musique du dimanche ?
J’imagine Scarlatti et son scintillement mélancolique dans la sonate K.27 dans la version de Pletnev
La cuisine du dimanche ?
Les œufs mimosas de ma mère avant le coucher.
Famille ou amis ?
Les deux, mais aussi des répétitions en musique et régulièrement des concerts en matinée avec un public rêvé.
Le cinéma du dimanche ?
Arrivée aux cinéma L’Arlequin après avoir parcouru le poème de Rimbaud « Le Bateau ivre » sur les murs mordorés de la rue Férou, à la rencontre de films où la durée et le lieu nous font perdre la notion du temps : Nostlaghia de Tarkovski.
Un souvenir d’enfance du dimanche ?
Jean Rochefort contant les histoires d’enfant avec le sourire de tous les âges.
Le blues du dimanche soir ?
Comme le deuil d’un moment de vie, la fatigue heureuse d’un repas de plusieurs heures, les cahiers à plastifier avant la rentrée des classes assise par terre avec les cheveux longs de ma mère posés comme un regard, la fin d’une quiétude choisie par chacun et la dilatation du temps que le monde se donne le droit d’avoir.
Un dimanche de rêve ?
Arriver les yeux embués de rêves dans la Grande salle feutrée du Théâtre des Champs-Elysées, la musique vous éveille alors aux notions les plus belles et profondes de l’humanité.
Sortir seule et marcher le long des quais en voyant le contour de choses avec plus de clarté, et s’arrêter un instant à l’Orangerie pour contempler les nymphéas.
C’est ce que j’ai fait après avoir donné mon premier concert aux Champs-Elysées.