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Six histoires sur Lahav Shani

Une nouvelle génération de chefs d’orchestre est prête à prendre le monde musical d’assaut. Des trentenaires accèdent à la direction des orchestres et opéras de plus en plus renommés: Mirga Grazinyte-Tyla (33) à Birmingham, Robin Ticciati à Glyndebourne, Daniele Rustioni (36) à l’Opéra de Lyon, Karina Cannelakis (38) à l’Orchestre de Paris… Dans ce paysage d’excellence musicale, il peut être difficile de se faire un nom. Mais celui de Lahav Shani est sur toutes les lèvres. Portrait en 6 images de ce chef d’orchestre hors du commun, avant son concert au TCE le 28 septembre prochain.

 

1. L’enfant prodige

Vous auriez parié que, avec un père chef de chœur, le chemin de Lahav Shani était tracé… Peut-être ! En tout cas, lorsqu’il a 3 ans, c’est un voisin – qui s’avère être un musicien de jazz renommé – qui l’entend s’amuser au clavier à travers le mur… Lahav a trois ans, il commence des études de piano. Puis rencontre sa professeur, Hannah Shalgi, qui le suivra pendant tout son apprentissage. Ses leçons de piano n’obéissent pas aux formats standard et incluent gammes, schnitzels et siestes sur le canapé.

A l’époque, Shani habite à 5 minutes du centre culturel de Tel Aviv, et parfois, manque des cours lorsqu’un pianiste de renom s’y produit.  Au collège, il apprend également la contrebasse dont il joue à l’orchestre de l’école puis au sein de l’Orchestre philharmonique de Tel Aviv sous la direction de Zubin Mehta.  

 

2. L’homme-orchestre

Lahav Shani joue de la contrebasse

avec le Philharmonique d’Israel, sous la direction de Vasily Petrenko en juin 2018 (c) Oded Antman

Il est rare – à tel point que l’on ne peut, à la volée, citer d’autre exemple – qu’un musicien atteigne un niveau international dans plus d’un ou deux domaines. Souvent, la pratique de chant ou d’un instrument mène vers la direction d’orchestre, comme c’est le cas de Nicolas Altstaedt (alto) ou, plus récemment, de Yuja Wang (piano) ou de Barbara Hannigan (soprano).

Mais Lahav Shani, lui, combine trois carrières: contrebassiste, pianiste concertant et chef d’orchestre. Il se produit régulièrement en tant que soliste aux côtés des plus grands chefs et orchestres, dont Valery Gergiev encore très récemment.

 

3. Le Sacre du printemps, une révélation

A l’âge de 14 ans, Lahav Shani décide de feuilleter des partitions d’orchestre, “par pure curiosité”. Il s’en souvient encore… la première est celle du Sacre du printemps de Stravinsky. On comprend facilement sa fascination (cf ci-dessous pour une version de la partition pour non-musiciens) !

Si, à l’époque, il aspire encore à devenir pianiste, ce Sacre du Printemps restera dans un coin de sa tête… au point de choisir de l’interpréter (le jeu du hasard ?) lors de son premier concert au TCE à la tête de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam.

 

 

4. Le vote de confiance

Depuis qu’il a gagné, à 24 ans, la prestigieuse Mahler Competition, Lahav Shani ne cesse d’attirer l’attention des grands orchestres. Sa particularité ? On dirait qu’il envoûte les musiciens !

L’orchestre philharmonique d’Israël le connaît par cœur lorsque, lors d’un vote secret traditionnel, Shani obtient la majorité des voix pour devenir le nouveau directeur musical de l’orchestre, à la suite de Zubin Mehta. C’est que les musiciens le connaissent depuis qu’il a 16 ans, où il a commencé à faire d’abord des remplacements au piano et à la contrebasse, puis à les diriger de temps à autre. Il surclasse alors Manfred Honeck, Vladimir Jurowski, Pablo Herez-Casado et Gianandrea Noseda, tous pressentis pour le poste.

 

 

5. Rotterdam, un coup de foudre

L’histoire la plus incroyable est le coup de foudre mutuel avec l’Orchestre philharmonique de Rotterdam. A 29 ans, il le dirige en concert. La réaction chimique est immédiate. Les musiciens sont sous le charme, Lahav Shani est enchanté de ce qu’il entend… Sur la base de cette unique apparition, les musiciens votent à l’unanimité pour qu’il succède à Yannick Nézet-Séguin (en partance pour le Metropolitan Opera) à la tête de l’orchestre.

 

6. Un chef d’orchestre génération Y

Lahav Shani joue au backgammon avec Valery Gergiev (c) photo Lahav Shani

Génie musical mis à part, Lahav Shani pourrait passer pour un trentenaire on ne peut plus normal : il cuisine, regarde Netflix, poste des stories sur Instagram, apprend aux musiciens à jouer au backgammon entre les répétitions… et avoue ne pas avoir envie de suivre le rythme effréné de certains de ses aînés.

 

Je dors très bien et j’adore dormir. C’est une de mes activités préférées.” (itw au 24 heures Suisse) “J’essaye d’étirer mon temps libre au maximum !” (source)