Le portrait de Stéphane Rolland et Pierre Martinez
Stylistes et Mécènes, Stéphane Rolland et Pierre Martinez dirigent la maison de haute-couture éponyme depuis 2007. Cette saison, ils endossent exceptionnellement le rôle de costumiers au Théâtre des Champs-Elysées pour sublimer l’opéra La Flûte Enchantée mis en scène par Cédric Klapisch. Ils vous racontent leur intégration au sein des équipes du Théâtre.
Vous inaugurez une collaboration avec le Théâtre des Champs-Elysées, quelle production avez-vous rejointe ?
Nous préparons avec un enthousiasme (non dissimulé !!!) les costumes de la nouvelle production de La Flûte Enchantée.
L’équipe et la distribution réunies autour du metteur en scène Cédric Klapisch par Michel Franck partagent une dynamique nouvelle pour une proposition qui devrait être une lecture répondant à la fois à l’univers onirique de l’œuvre, mais aussi à un discours empreint de contemporanéité et d’humanisme.
Depuis combien de temps connaissez-vous le Théâtre des Champs-Elysées et comment l’avez-vous découvert ?
Beaucoup de souvenirs pour nous deux au TCE…
Le premier dans les années 80, nos 20 ans ! Notre amie d’enfance Béatrice Uria-Monzon qui chantait sa première Charlotte dans Werther, nous découvrions les coulisses de ce temple Art déco dédié à toutes les formes de musiques.
Fascinés par ce lieu, se souvenant de « ses fantômes » (Joséphine Baker, Stravinsky, Diaghilev etc..) cette première soirée s’est éternisée dans les derniers recoins du théâtre !
Depuis ces 4 décennies : des moments intenses, dont la singularité est la variété des expressions, des récitals, des Opéras mis en scène (notamment la trilogie Mozart/Da Ponte par Jean Claude Magloire en 2010), du jazz, de la danse….
Nous aimons que le rideau se lève tous les soir sur une variété d’expressions du spectacle vivant !
Nous avons le sentiment que telles étaient les volontés de Gabriel Astruc, que Michel Franck entretient et développe avec tant de passion.
Votre air d’opéra préféré ?
Difficile de choisir, chacun correspond à des moments et des émotions, et comment choisir l’air sans se laisser envahir par le sens du livret…
S’il ne fallait en garder qu’un… : Strauss ? la Maréchale Der Rozenkavalier, sa résignation à la fin de l’acte III…
Entre préparer un défilé Haute Couture et un opéra, quelle est la différence ?
Pour nous, c’est la même recherche d’émotion.
Et c’est la particularité même de la Haute Couture, là où le vêtement n’est pas seulement une pièce de mode mais la volonté de créer une dimension remarquable pour celle ou celui qui la porte.
L’habit ne détermine pas seulement une allure, mais bien un esprit.
L’artisanat et le savoir faire le plus précieux utilisent les outils experts pour concevoir et « construire » le personnage.
Comment se déroule votre collaboration avec Cédric Klapisch (metteur en scène) ?
Cédric Klapisch a réuni une équipe jeune et pourtant experte. La confiance est le lien et le regard que chacun porte à l’égard de l’autre. Chacun arrive avec son parcours et ses expériences.
Cédric Klapisch écoute et fédère un discours commun où tout le monde trouve sa place par l’écoute de l’autre. Pas de parti-pris manichéiste mais au contraire un assemblage savant des visions de tous, c’est tout le talent de son approche.
Un respect de l’individualité pour la constitution d’un groupe dont l’objectif est de servir son propre projet de l’œuvre.
Quelques mots sur la conception des costumes de La Flûte Enchantée.
Ne pas spolier le spectacle et préserver la magie de cette œuvre « enchantée » !!!
Et dire à quel point précisément la volonté de « jouer » des mystères de ces personnage tout en inscrivant le spectacle dans une totale modernité.
Une anecdote particulière au Théâtre des Champs-Elysées.
Ce n’est pas une anecdote, c’est plutôt un privilège inouï ! Celui d’avoir eu l’opportunité de faire un défilé Haute Couture dans le Hall et les escaliers en 2019.
Au-delà du défilé lui-même et l’atmosphère des lieux, cela restera à jamais des rencontres avec les équipes du TCE.
Leur créativité et leur engagement sont passionnés. C’est le moteur même de la diversité de l’activité de ce théâtre.
Les artistes s’y sentent protégés et peuvent s’exprimer dans un simple bien-être.
Pour vous le Cercle des Mécènes c’est .. ?
Le mécénat dans la musique a la qualité de réunir de vrais amoureux de cet art loin de la spéculation et de l’apparat.
Ils partagent cette affection dans une vraie proximité. Au TCE, ce soutien est empreint d’une sincérité qui protège l’activité de ce théâtre.
Ce bel engagement est le reflet de la valeur des équipes du 15 avenue Montaigne.
Nous sommes fiers de le partager.