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Le violoncelle dans tous ses états (II)

Deuxième chapitre de notre “feuilleton violoncelle” de l’été. Cette semaine, place au romantisme ! Retrouvez l’épisode 1 ici.

II. RAISON ET SENTIMENTS

Malgré tous ses efforts, Beethoven ne parvient pas encore à imposer tout à fait le violoncelle en tant que partenaire privilégié du piano, en raison de son registre grave. 

Le violoncelle à l’heure allemande

Compatriote de Beethoven, Felix Mendelssohn, lui, s’intéresse à l’instrument par l’intermédiaire de son frère Paul qui, bien que banquier (!) pratique l’instrument à un haut niveau. Ses Variations concertantes en ré majeur op. 17 lui sont d’ailleurs dédiées. La Sonate en ré majeur op. 58 (samedi 22/02, 17h) est une pièce plus passionnée : composée en 1843, à une période où la vie de Mendelssohn déborde de projets, elle utilise des formes traditionnelles mais est de facture plus romantique que classique. Ses premier et dernier mouvements exultent d’arpèges qui accompagnent le chant du violoncelle ; au centre, on retrouve un Intermezzo agile et un imposant Adagio soutenant le poignant soliloque de l’instrument vedette, tel une déclaration d’amour.

Les rives romantiques du Lac de Thun, situé dans l’Oberland bernois, en Suisse.

Brahms, quant à lui, est en villégiature au Lac de Thun, à l’été 1886, lorsqu’il compose la deuxième de ses sonates pour violoncelle et piano (dimanche 23/02, 15h). Merveilleusement baignée de nostalgie, elle constitue le sommet de ce genre de littérature et sera créée le 24 novembre suivant à Vienne, avec Brahms lui-même au piano. Les quatre mouvements alternent fièvre et ténèbres, chevauchées endiablées et nappes sombres, barques noires et attentes fiévreuses lovées aux creux des nuits d’été, comme une quintessence musicale parfaite de nos états d’âme.

Inspirations célestes

Texte hébreu de la prière Kol Nidre

Contemporain de Brahms, Max Bruch le protestant rencontre la mélodie juive Kol Nidre (littéralement « Tous les vœux », prière récitée durant le service du soir du Yom Kippour) au sein de la famille Lichtenstein, dans laquelle l’a introduit son professeur Ferdinand Hiller. Séduit par ces sonorités nouvelles, Bruch compose une œuvre qui repose sur deux mélodies hébraïques et utilise le violoncelle pour magnifier et imiter la voix rhapsodique du hazzan qui chante la liturgie dans la synagogue. Le second thème est tiré d’un arrangement de « O Weep for Those that Wept on Babel’s Stream », un poème de Lord Byron faisant partie des Hebrew Melodies. (dimanche 23/02, 15h)

Le violoncelliste Jules Delsart (1844-1900) DR

Petite incursion en Belgique avec César Franck et sa Sonate pour violoncelle et piano, qui date de 1886… ou plutôt de 1888, puisqu’il s’agit ici d’une transcription. L’œuvre initiale, composée pour violon, fut donnée par Franck en cadeau de mariage à son ami le violoniste Eugène Ysaÿe. Le violoncelliste Jules Delsart, enthousiasmé, en réalisa une transcription fidèle validée par Franck lui-même, ne modifia pas à la partie de piano et ne transposa la partie de violon dans la tessiture inférieure uniquement lorsque c’était nécessaire et justifié. Cette sonate est l’œuvre la plus jouée de César Franck. (vendredi 21/02, 20h)

à suivre la semaine prochaine…